Une fronde de blogueurs semble s’être déclenchée à la suite d’un billet d’Embruns, vif, comme à son habitude, excédé de certaines sollicitations de communicants (ou cateurs). Versac enfonce le clou. Pour ma part, je me trouve plus serein sur ce sujet, probablement pour deux raisons : je reçois certainement moins de sollicitations et je ne suis pas moi-même de la partie, et ne me sens donc pas, même indirectement, impliqué par ces comportements.
Je souhaiterais juste apporter ma contribution sur un point de vocabulaire, de sémantique. Bref, pour employer une expression plus parlante pour ma cible, un élément de langage.
Bannissez les termes de buzz et buzzer !
Vous, qui êtes des communicateurs (ou cants), comment peut-il vous échapper que ce terme est tragiquement révélateur des pires travers de votre profession ?
Comment peut-il vous échapper que ce terme, qui fait certainement florès en interne, ne devrait pas sortir de vos locaux ?
Comment peut-il vous échapper que parler de buzz, c’est signifier très clairement que vous n’accordez d’importance qu’au bruit, pas au fond ? Comment pouvez-vous me demander de « faire du buzz » ? Ne voyez-vous pas que je comprends immédiatement que ce qui vous intéresse, c’est d’incrémenter votre compteur de billets pour le reporting final : « chef, chef, on a eu 32 blogueurs ! » ? Vous devriez pourtant savoir que moi, comme d’autres, je suis une petite chose sensible. J’aime que les choses aient un sens. Je participe si j’adhère. Ne me dîtes pas de faire du buzz, dîtes-moi pourquoi !
Amis qui communiquez, comprenez que par l’emploi de ce seul terme, vous accréditez le grief de superficialité que l’on peut faire à votre profession. Notez que je ne vous demande pas à tous de vous intéresser au fond. Non, juste de ne pas laisser à ce point transparaître que ce n’est pas le cas.
L’horreur, l’incroyable, l’inimiginable sont atteints lorsque l’on s’adresse à moi en tant que « buzzeur » ! Eh oui. Figurez-vous que je reçois des « mails aux buzzeurs« . Ami, entends-tu le long vol des corbeaux sur la plaine ? Je veux dire : entends-tu siffler le vent du boulet qui ne t’épargne que par charité dès lors qu’ainsi tu m’interpelles, ami ?
Je ne suis pas un champignon, je suis un blogueur libre ! Un buzzer, camarade, c’est le machin sur lequel on appuie à la télé pour répondre à une question, et qui fait ponk. Lorsque tu me vois, as-tu le sentiment qu’en m’appuyant dessus, je vais faire ponk ? Ne vois-tu pas, ami, qu’en employant ce terme, tu signifies clairement l’instrumentalisation du blogueur : m’envoyer un mail, c’est m’appuyer dessus et, trop con le gars, en plus, il va faire ponk. Ah, ah, ah, c’est tellement facile de leur faire faire ponk.
Eh bien non, je fais pas ponk.
J’aurais plutôt envie de faire ponk-back dans ta face, si cela ne risquait de paraître violent.
Intègre donc, si tu le veux bien, que le message que je reçois lorsque tu t’adresses à moi sur ce mode, c’est le plus parfait mépris pour ce que je suis. Ce qui n’est pas, tu me l’accorderas quoique je sois novice en la matière, le meilleur gagae d’une opération de communication efficace.
Puis-je conclure en me permettant de souligner, que je ne manque pas, alors, de m’interroger sur les compétences en communication de mon interlocuteur, pour qu’une telle évidence ne l’ait apparemment pas frappé ?
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Enfin quelque part c’est la rançon du succès ces sollicitations. Tu l’es peut-être moins parce que tu ne t’exposes pas dans les journaux ou autres (ou si te le fais c’est sous un autre nom).
Et puis tu ne peux faire ponk car tu préfères Pink.
Bon je sors…
Excellent post Koz, qui a le mérite de valoriser le blogueur en général par ailleurs.
La question est en effet posée de savoir si c’est par manque de compétence en com’, par mépris, ou par rentabilité (ils doivent bien se douter que pour la plupart ça va faire ‘ponk-back’) qu’ils sont si mauvais dans leur approche ?
Je ne penche pas véritablement pour l’hypothèse du mépris, même si le terme de « buzzer » l’est un peu, méprisant. Plus pour celle d’un manque de considération, suscitée par une volonté de rentabilité et un manque de compréhension du fonctionnement du blogueur comme de ses visiteurs. Et un ptit problème de compétences, totu de même, pour ne pas être capable de distinguer ce qui coince dans son propre vocabulaire.
J’ai, par exemple, été sollicité à propos du Forum de Paris. Je n’ai malheureusement pas pu m’y rendre, alors que j’aurais au moins souhaité pouvoir donner un retour à un évènement particulièrement intéressant. Et, surtout, là, on nous a traités en personnes responsables. On a d’abord reçu des infos sur l’évènement, puis déjeuné avec Albert Mallet, Elie Barnavi et Jean-Paul Fitoussi, autour d’un sujet motivant. Là, oui, il peut y avoir du retour.
Thaïs : ce n’est de totues façons pas fondamentalement le fait d’être contacté qui me pose pb, mais la façon dont c’est fait. Cela dit, j’attache généralement assez peu d’importance à ces propositions, et ne me sens pas vraiment flatté, tant elles sont trop souvent parfaitement impersonnelles.
Sans parler d’un dernier mail, relativement intéressant, mais qui se concluait sur un comique « j’aime bien ce que vous faites », bien caricatural, et dont tu comprends bien qu’il ne s’agit que d’une formule type envoyée à une mailing-list de blogueur.
Excellent billet ! Et quel saisissant tandem il forme avec le non moins excellent billet d’Embruns ! Vous dites « la même chose » sous des formes radicalement opposées, c’est remarquable !
On dirait un exercice de style collectif, un contrepoint trans-web, un « répons » internautique ! Seriez-vous les deux faces d’une même entité virtuelle ?
[quote comment= »58005″]Et, surtout, là, on nous a traités en personnes responsables. On a d’abord reçu des infos sur l’évènement, puis déjeuné avec Albert Mallet, Elie Barnavi et Jean-Paul Fitoussi, autour d’un sujet motivant. Là, oui, il peut y avoir du retour.
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Attention Koz, ils vont finir par avoir tes points faibles… le verre de Chinon et le bon repas pèsent-ils plus lourds que la discussion qui s’en est suivie… 🙂 (je rigole bien entendu, mais si ils t’espionnent, tu seras d’accord avec moi qu’ils n’auront qu’à essayer…pour voir !)
« Enfin quelque part c’est la rançon du succès ces sollicitations. »
Je ne suis pas d’accord. Je ne vois pas en quoi le fait d’avoir un blog avec quelques lecteurs devrait forcément donner lieu à des sollicitations limite insultantes d’agences de communication. Vois pas le lien, dois être bête.
« le verre de Chinon et le bon repas pèsent-ils plus lourds que la discussion qui s’en est suivie… »
Pour moi, c’est très clair. Un bon repas, on me séduit, je parle.
Aujourd’hui même, un blog sur le vin me contacte, en souhaitant que je parle d’eux sur internet. Je leur réponds avec malice « ok contre bonne caisse bien pleine ». ils me disent « ça peut s’arranger ». J’ai demandé une caisse de mouton, j’ai un faible pour le mouton.
Ecoute, si on me propose un bon repas, avec un bon vin, en bonne compagnie, franchement… je suis prêt à en faire deux, des billets.
Je ne sais pas si tu fais ponk, mais je n’ai aucune envie de t’appuyer dessus pour vérifier 🙂
[quote comment= »58087″] »Enfin quelque part c’est la rançon du succès ces sollicitations. »
Je ne suis pas d’accord. Je ne vois pas en quoi le fait d’avoir un blog avec quelques lecteurs devrait forcément donner lieu à des sollicitations limite insultantes d’agences de communication. Vois pas le lien, dois être bête.[/quote]
Plus est on a de lecteurs, plus on est qualifié de « prescripteur » et plus on est sollicité. C’est tout, les agences n’étudient absolument pas le profil des blogueurs. Quand je pense au soin qu’elles mettent à choisir les supports magazine ou affichage, c’est du délire…